Qui n’a pas joué à la boîte à formes à encastrer ?
Vous savez, quand on est enfant et qu’on essaie de faire entrer un bloc en forme d’étoile dans la boîte. Forcément par le trou de la même forme. Ou un cube ou un cylindre…
Excellent pour développer l’observation, la motricité fine, la patience, l’habileté aussi lorsqu’on parvient à faire entrer un bloc dans une autre forme. En forçant un peu, quitte à déformer le tout. Ou à le casser. Et puis quand on en a assez, avec un peu de jugeote, on ouvre la boîte en grand comme le font papa ou maman et on y fourre tous les blocs d’un coup.
Les fans des systèmes de travail fordiens et tayloristes ont dû beaucoup aimer ce jeu : chacun y est à sa place, c’est clair, simple. Un cube est un cube. Point. Les risques de sortir du cadre sont minimes, peu nombreuses. Le choix n’y est pas trop grand mais suffisant pour y trouver un minimum de satisfaction.
Sauf que…
Le monde du travail protéiforme
Appliquer ce jeu à notre société (car c’est bien l’impression que j’ai) est oublier ou refuser de voir que les êtres que nous sommes ne sont pas juste des cubes ou des boules basiques. Ni des boulets. Remettons de l’humain dans cette géométrie trop productiviste.
Je dirais que nous sommes plus des tétraèdres, octaèdres, dodécaèdres, icosaèdres, cubes de Metatron, voire même fleur de vie. Je vous laisse vous renseigner pour découvrir ces formes enrichies aux plusieurs côtés, plusieurs angles, multi facettes. Des symboles d’un univers que l’on commence à mieux comprendre lorsque l’on dépasse la vision de base que beaucoup de systèmes veulent imposer. Et y sont parvenus jusqu’à présent.
Plus qu’un produit de fabrication, chaque candidat, salarié, stagiaire, alternant, manager, dirigeant, partenaire, est riche de conscience, existence, énergie, intention, interactions avec son environnement, mouvement, spiritualité, voire de sacré.
Je pourrais aussi, sans religiosité mystique, évoquer d’autres symboles issus de la géométrie sacrée pour rappeler la complexité d’un être humain : l’arbre de vie, le Tore…
Et c’est cette complexité, cette multiplicité de niveaux d’appréhension et de constitution qui nous rend si uniques !
Nous ne sommes pas des produits pour remplir des cases, des bouche trous, des pièces manquantes d’un puzzle déshumanisé.
À une époque, on cherchait les moutons à cinq pattes, la perfection incarnée pour chaque poste d’entreprise.
Ce travers avait le mérite d’être ambitieux et d’aller en profondeur pour y tenter de trouver le miracle qui répondrait à toutes les attentes. Une personne qui est quelqu’un mais pas trop (sinon danger), un expert technique pointu mais qui sait manager une équipe sur l’engagement, un manager qui sait se relever les manches tout en prenant dd la hauteur (oui il faut de longs bras et une bonne vue)…
D’autres sens, d’autres couleurs
Avec nos visions à géométrie réduite, très réduite même, tridimensionnelle et encore, on perd en humanité, innovation, adaptation, interactions, évolution. Et autres bénéfices individuels et collectifs.
On gagne en facilité, répétition, performance mécanique, certes. Mais la grande démission, les reconversions par milliers, l’inattractivité des grandes entreprises et leurs organisations hyper spécialisées (vues comme sclérosantes par les jeunes) s’expliquent en partie pour ces raisons de non compatibilité avec la richesse revendiquée par les nouvelles générations, confortées par les plus anciennes qui n’en peuvent plus de ne pas vivre à leur manière après tant d’années de soumission.
Dans « reconnaissance », il y a naissance de toutes ces facettes inexploitées, flouées, laissées au placard ou bafouées.
Dans ce sens qu’implorent les déserteurs, il y a ce niveau supérieur qui nous élève et nous éloigne de ces robots de l’ère industrielle. Charlie Chaplin et son époque en noir et blanc. Tellement drôle mais tellement critique surtout.
Aujourd’hui, le monde du travail se colorise, quoi qu’on en dise. Et ceux qui voudront imposer le calque sur ces explosions de formes, de directions, d’élargissement, de création, devront apprendre les arts en tous genres, pour rester « dans le coup. »
Ce n’est pas qu’ils manqueront le train en marche. C’est qu’il n’y aura plus de train. Le monde du travail aura radicalement changé. Le train lui-même aura été remplacé. Les variables se seront multipliées. Et avec elles les opportunités.
Vive la géométrie enrichie !